Le Groupe interdisciplinaire de recherche en archivistique (GIRA) a été fondé en 1987 par Carol Couture, Jacques Ducharme et Jean-Yves Rousseau. Leur première activité en fut une de nature théorique puisqu’ils se sont appliqués d’abord à établir les fondements du Groupe. Ces éléments de base se trouvent consignés dans un article intitulé « L’archivistique a-t-elle trouvé son identité? » (Argus, vol.17, nº 2, 1988, p.51-60). Les auteurs du texte y donnent leur vision de l’archivistique moderne ainsi que leur perception de l’avenir. Ils affirment que les archivistes se doivent de former une véritable profession qui prenne appuie sur une discipline autonome laquelle évolue dans un monde de l’information où l’interdisciplinarité est essentielle.
Convaincus que l’archivistique ne saurait se développer véritablement sans des activités de recherche fondamentale et appliquée, les fondateurs du Groupe ont voulu créer un milieu propice à la recherche. Ils ont élargi le Groupe pour en augmenter le nombre de trois personnes (Denys Chouinard, Normand Gouger et Marcel Lajeunesse); ils ont ensuite prévu l’addition de membres associés qui s’ajouteraient au gré des travaux entrepris.
Sur le plan de la stratégie de recherche, le GIRA a formulé quelques hypothèses qu’il désire partager avec un certain nombre de collègues. Les membres du Groupe sont d’avis que plusieurs archivistes sont en quête d’un forum qui leur permettrait de confronter leurs idées relatives aux problématiques de recherche à développer dans notre domaine. C’est pourquoi ils ont décidé de tenir un symposium devant favoriser l’émergence de pistes de recherche que tous et chacun pourront suivre dans leurs milieux respectifs. Le GIRA se veut un catalyseur de travaux, tant ceux qu’il réalise lui-même que ceux entrepris par d’autres. Il pense que, de la sorte, le milieu archivistique poursuivra son évolution vers une maturité reconnue de tous.
En février 1990, le Groupe organise son premier symposium dont le thème – « La place de l’archivistique dans les sciences de l’information » – s’inscrivait dans la suite logique du texte de 1988. En deux jours de discussions et après quelque dix-huit conférences ayant abordé tour à tour les relations qu’entretient l’archivistique avec l’histoire, l’informatique, l’administration et les sciences de l’information, un consensus s’est dégagé pour affirmer que l’archivistique se situe à la jonction de ces disciplines et qu’elle a bel et bien sa place dans la gestion de l’information. Nous en voulons pour preuve la définition et l’acceptation du concept « d’information consignée organique » adopté par la suite par l’Association des archivistes du Québec et qui caractérise maintenant l’archivistique contemporaine québécoise.
Prenant en compte les préoccupations que furent celles du GIRA depuis sa création et, eu égard aux nombreux événements qui se sont passés depuis février 1990 et qui mettent en évidence la relative urgence qu’il y a de définir la mission de l’archiviste – adoption de codes d’éthique par plusieurs associations regroupant des archivistes, création et mise en application de règles de description en archivistique qui pavent la voie à une normalisation des pratiques, tenue à Montréal en septembre 1992 du XIIe Congrès international des archives sur la profession d’archiviste à l’ère de l’information, publication de plusieurs écrits archivistiques abordant le rôle de l’archiviste – il a semblé au Groupe que le temps était peut-être venu de tenter de définir, le plus clairement possible, la mission de l’archiviste dans la société. Pour ce faire, le Groupe a organisé en avril 1994 un deuxième symposium – « La mission de l’archiviste dans la société » – qui a posé la problématique en prenant comme base le traitement, la diffusion, l’évaluation et la conservation de l’information organique et consignée. Les seize présentations qui y ont été livrées ont permis d’identifier plusieurs éléments fondamentaux de la mission de l’archiviste dont l’évaluation.
Révélateurs de la réflexion en cours dans les milieux professionnel et académique de l’archivistique, le troisième symposium du GIRA, qui se tient en mars 1998, porte sur « L’évaluation des archives : des nécessités de la gestion aux exigences du témoignage » et présente l’état du questionnement sur le rôle et la fonction de l’archiviste. Les douze présentations ont fait ressortir la multidisciplinarité de l’évaluation.
Le quatrième symposium du GIRA, organisé en mars 2002 sur le thème : « Les archives électroniques : une mémoire « orpheline » ou en mutation ? », veut participer au débat actuel sur les archives électroniques et de leur impact dans le monde de l’information. En faisant le point sur les orientations actuelles au plan des responsabilités que les organisations prennent par rapport aux archives électroniques, il permet aussi de s’informer sur les expériences menées dans le monde de la documentation et des réflexions apportées par le milieu du droit et des communications. Ce symposium tient aussi à faire connaître l’expérience de chercheurs ayant travaillé avec les archives électroniques.
Les organismes publics et les entreprises privées investissent des ressources humaines, matérielles et financières de plus en plus importantes pour à la fois produire et obtenir l’information sous forme documentaire. Mais, s’il faut croire certains propos, les avantages jusqu’à maintenant tirés de la gestion et surtout de l’exploitation de l’information sont en deçà des besoins et des attentes. Or, pour assurer aux organisations une gestion de leur information, y compris de leurs archives, et de leur capital de connaissance qui satisfassent aux attentes, il faut des personnes qui connaissent la valeur des documents et qui sachent en apprécier les fonctions et les rôles. Que peuvent donc apporter ces professionnels, principalement des diplômés en sciences de l’information notamment en archivistique et en gestion stratégique de l’information, aux organisations publiques ou privées qui ne se définissent et n’entrevoient leur développement que par leur capacité «stratégique»? Qu’en est-il des archives dans ce contexte? Sont-elles en mesure de contribuer à cette «capacité stratégique» des organisations? Comptent-elles au nombre des ressources organisationnelles que la littérature aussi bien que le langage courant des administrateurs n’hésitent pas à qualifier de «stratégiques»? En admettant que ce soit le cas et en sachant qu’elles sont d’abord et avant tout des ressources informationnelles utilisées, avec d’autres, à la construction des savoirs nécessaires au fonctionnement et au développement des organisations, ces archives comportent-elles des caractéristiques qui en font des « ressources stratégiques » particulières ? Le cinquième symposium du GIRA, organisé en mars 2006 sur le thème : « Les archives : ressources stratégiques », se veut un forum de discussion sur des sujets susceptibles d’apporter un éclairage nouveau à ces questions.
Dans l’organisation de ces symposiums, les membres du GIRA ont joué différents rôles allant du choix du thème, à l’élaboration du contenu des différents sous-thèmes et à l’organisation matérielle du symposium lui-même. Ils ont aussi participé à ces activités à titre de conférencier et d’animateur.