7e symposium – 2014

Les archives et le Web : nouveaux objets, nouveaux rôles, nouvelles pratiques

Congrès des milieux documentaires, Colloque du Groupe interdisciplinaire de recherche en archivistique (GIRA), lundi le 1er décembre 2014

Palais des Congrès de Montréal


Dans le cadre de la tenue du Congrès des milieux documentaires qui se tiendra au Palais des Congrès de Montréal du 1er au 3 décembre 2014, le Groupe interdisciplinaire de recherche en archivistique (GIRA) vous invite à participer à un colloque, le lundi 1er décembre, sur le thème « Les archives et le Web : nouveaux objets, nouveaux rôles, nouvelles pratiques ».

Au programme :

10 h 15 – 11 h 45

Atelier 1 Les archives et le Web : nouveaux objets, nouveaux rôles, nouvelles pratiques

Présidente de séance : Sabine Mas, professeure agrégée, École de bibliothéconomie et des sciences de l’information, Université de Montréal

Conférence d’ouverture : Archiver et documenter le Web

Vincent Gautrais, directeur du Centre de recherche en droit public (CRDP), titulaire de la Chaire d’excellence en droit de la sécurité et des affaires électroniques et professeur titulaire, Faculté de droit, Université de Montréal

Les archivistes n’ont peut-être pas suffisamment conscience de l’influence qu’ils ont sur le droit applicable en gestion documentaire (conservation – preuve – sécurité). Parmi les sources d’inspiration, il est un principe majeur qui rompt quelque peu avec la tradition juridique, à savoir la documentation. En effet, à plusieurs étapes du cycle de vie du document, le gestionnaire se doit de déterminer au préalable comment, par qui, combien de temps et où les documents seront archivés. À cet égard, le Web pose aux archivistes les mêmes défis qu’aux juristes, notamment en ce qui a trait à l’intégrité et à l’authenticité de cette documentation.

Conférence 1 : L’archivage du Web : bibliothèques et archives à la croisée des chemins

Clément Oury, archiviste paléographe, responsable du service du dépôt légal numérique, Bibliothèque nationale de France

En France, les publications du Web sont soumises au dépôt légal : cette mission est partagée entre la Bibliothèque nationale de France (BnF) et l’Institut national de l’audiovisuel. Cependant, le statut des sites et des pages Web n’est pas facile à déterminer : entre publication et conversation, entre documents et traces de la vie courante. Cette nature complexe explique que les principes et les outils du dépôt légal ont dû changer; pour réaliser un « archivage » du Web la BnF s’est notamment inspirée de certaines pratiques archivistiques. Une collecte active, à la charge de l’institution, a remplacé la logique de dépôt. Des procédures d’échantillonnage ont été mises en oeuvre. Enfin, de nouvelles formes de coopération, nationales et internationales, ont été inventées. Cette contribution propose donc d’étudier l’expérience de la BnF en matière d’archivage du Web en insistant sur le rapprochement entre métiers (bibliothécaires, archivistes, chercheurs…) qu’il est susceptible d’encourager.

Conférence 2 : La confiance dans les archives du Web – Le projet InterPARES Trust

Marie Demoulin, professeure adjointe, École de bibliothéconomie et des sciences de l’information, Université de Montréal

Faites-vous confiance à l’archivage en ligne ? De plus en plus, les particuliers et les organisations créent, stockent et consultent des documents qui les engagent sur Internet, c’est-à-dire dans un environnement très connecté et facilement piraté. Cette situation soulève des questions évidentes : Peut-on faire confiance aux données ? Où et comment sont-elles stockées ? Qui en a le contrôle ? Qui y accède ? Sont-elles sécurisées ? Vos données personnelles sont-elles protégées ? InterPARES Trust (iTrust) est un projet de recherche international et interdisciplinaire qui étudie les questions de confiance posées par les documents numériques confiés à Internet. Son but est de créer un cadre théorique et méthodologique pour le développement, sur les plans local, national et international, de politiques, procédures, règles, normes et réglementations, de sorte que la confiance du public puisse s’appuyer sur la preuve d’une bonne gouvernance, une économie numérique forte et une mémoire numérique durable. L’exposé vise à présenter le projet iTrust et l’intérêt qu’il présente pour les milieux documentaires.

Conférence 3 : Conservation des sites Web institutionnels

Aïda Chebbi, professeure, Institut supérieur de documentation de Tunis, Université de la Manouba

L’archivage du Web fait l’objet de nombreux articles dans les revues scientifiques et professionnelles. Maints projets visant la capture et la conservation de différents objets du Web mondial, national ou événementiel sont menés par des institutions de mémoire ou des organismes privés. Malgré le foisonnement des réflexions, la définition même de l’objet de ces travaux reste floue et les frontières entre les territoires de collecte ne sont pas clairement établies. Plus précisément, la distinction entre un document d’archives et une publication dans un environnement Web n’est pas facile à déterminer. Notre intervention a pour objectifs de cerner la notion d’archives Web dans une perspective archivistique, de dresser la typologie de ces nouvelles archives et d’inventorier les méthodes actuelles de leur gestion et de leur conservation. Nous nous intéressons en particulier aux documents issus de l’usage des technologies Web dans un contexte organisationnel, c’est-à-dire aux sites Web publics des organisations.

12 h 00 – 13 h 15 Dîner libre

13 h 15 – 14 h 45

Atelier 6 Les archives et le Web : nouveaux objets, nouveaux rôles, nouvelles pratiques

Présidente de séance : Natasha Zwarich, professeure, Département d’histoire, Université du Québec à Montréal

Conférence 1 : Créer, partager, échanger et… créer : médias sociaux et données ouvertes

Mario Robert, chef, Section des archives, Ville de Montréal

Bien que les médias sociaux occupent une place considérable dans nos vies personnelles et professionnelles, ils sont encore peu exploités par les services d’archives. Pourtant, ils permettent la création, le partage et l’échange de contenus historiques en collaboration avec le public. Quant aux données ouvertes, elles incitent à l’innovation en permettant la réutilisation des archives. La diffusion ne se fait donc plus de façon linéaire. Ces outils doivent faire partie des services offerts aux utilisateurs d’aujourd’hui et de demain afin que les archivistes affirment leur rôle de médiateurs culturels. Cette communication portera sur l’impact des médias sociaux et des données ouvertes dans la mise en valeur des archives en prenant pour exemple le travail qui s’effectue à la Ville de Montréal.

Conférence 2 : Matricules, le projet d’archives d’un centre d’artistes

Stéphanie Lagueux, webmestre, archives en ligne Matricules, Studio XX

Matricules est le projet d’archives en ligne du Studio XX, centre d’artistes féministe en art numérique et médiatique à Montréal. Le site rassemble images, textes et vidéos documentant oeuvres, événements et collaborations d’artistes remontant à la fondation du centre en 1996. Conceptualisé à l’image du tissage ainsi que du principe d’inclusion propre au féminisme et aux logiciels libres, ce projet est fondé d’une part sur le besoin de s’approprier notre propre histoire et les outils pour la raconter, mais surtout par le désir d’être ouvertes à de multiples voix en le faisant. Prendre le contrôle afin de le redonner sous forme plurielle et exponentielle. Cinq ans plus tard, comment un centre d’artistes autogéré, avec sa petite équipe débordée et ses moyens limités, entretient-il son projet d’archives ? De façon singulière, créative, forcément incomplète mais sans aucun doute inspirée.

Conférence 3 : Le défi de l’hétérogénéité des sources dans une archive numérique – le cas du Fonds Dora Wasserman

Marc-Antoine Lévesque, coordonnateur scientifique, Centre de recherches intermédiales sur les arts, les lettres et les techniques (CRIalt)

L’archive numérique d’une pièce de la troupe de théâtre Dora Wasserman intitulée Les sages de Chelm a été créée dans le cadre du projet Archiver à l’époque du numérique (Université de Montréal). Cela a consisté en la numérisation d’artefacts déjà ordonnés par des membres de la troupe. En plus de cela, des entretiens sonores et filmés ont été réalisés. Ces sources orales ont par la suite été montées pour constituer de courtes capsules. Ces dernières ont été conçues pour s’intégrer à une plateforme en ligne pensée comme intermédiale. Au-delà de ce cas, l’objectif principal était de comprendre les effets produits par la coprésence de sources hétérogènes (reproduction de documents, pistes sonores, bandes images, métadonnées scripturaires…) sur une même plateforme. Ainsi, les gains d’intelligibilité et les risques liés au développement du numérique et du Web ont été observés à travers le prisme des enjeux de la convergence médiatique.

14 h 45 – 15 h 00 Pause-santé

15 h 00 – 16 h 30

Atelier 11 Les archives et le Web : nouveaux objets, nouveaux rôles, nouvelles pratiques

Président de séance : Paul Servais, professeur ordinaire, Institut d’analyse du changement dans l’histoire et les sociétés contemporaines, Université catholique de Louvain

Conférence 1 : Open Data (donnée ouverte) : Doit-on tout publier ? Pourquoi pas ? Et l’archiviste, il fait quoi dans tout ça ?

Alain Lavoie, président et cofondateur, Irosoft

Né ou publicisé aux alentours de 2009, l’Open Data (donnée ouverte) est un mouvement pour la publication et la réutilisation des données publiques. Il vise à créer un degré de transparence et d’ouverture des gouvernements. Dans le cadre de cette présentation, nous tenterons d’illustrer, à l’aide d’exemples, que cette volonté de publier ses données n’est pas aussi évidente qu’elle peut le laisser croire. L’objectif de la présentation est de susciter une réflexion relativement aux enjeux qu’amène cette nouvelle réalité. Doit-on tout publier ? Comment doit-on s’y prendre ? Quel est le rôle de l’archiviste et celui du responsable de l’accès à l’information ?

Conférence 2 : Données liées et ontologies égalent synergie

Pat Riva, responsable des normes bibliographiques à la Direction du traitement documentaire des collections patrimoniales, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ)

Le Web sémantique (Web des données) favorise-t-il la convergence des données en provenance des archives, des bibliothèques et des musées ? Les données liées devraient dépasser les limites des disciplines et pouvoir rassembler l’information quelle que soit son origine. Cela correspondrait mieux aux besoins des usagers, qui n’ont pas besoin de comprendre le fonctionnement interne des fournisseurs d’information. Pour ce faire, les données doivent être interopérables, pas seulement de façon superficielle mais dans le sens sémantique. Les ontologies et modèles conceptuels communs permettent une compréhension des données. Le CIDOC CRM est le modèle sémantique de référence développé depuis 1996 par les musées afin de mettre en réseau leurs bases de données. Dans le domaine des bibliothèques, la Fédération internationale des associations de bibliothécaire et des bibliothèques (IFLA) a adopté le modèle FRBR (Functional Requirements for Bibliographic Records) en 1998, mais depuis 2000 la version FRBRoo (object oriented) est exprimée dans un langage compatible avec le CIDOC CRM. Quelles implications alors pour les archives ?

Conférence 3 : Les historiens et les archives numériques X.0

Léon Robichaud, directeur, Département d’histoire, Université de Sherbrooke

Malgré l’existence d’un petit groupe d’utilisateurs précoces (early adopters), les historiens ne sont pas à l’avant-garde en ce qui concerne l’intégration du numérique dans leur pratique quotidienne. La numérisation et la mise en ligne des archives nous confrontent toutefois à de nouveaux défis quant à nos processus de recherche et à notre rapport à l’archive dématérialisée. Archivistes et historiens doivent tisser de nouveaux liens pour veiller à ce que les nouveaux outils du Web sémantique répondent de manière transparente aux besoins de la recherche. Les chercheurs doivent eux-mêmes changer leurs pratiques pour que les données de recherche puissent être plus facilement déposées et reliées. Il faut briser l’isolement entre l’archive (même numérique), la donnée de recherche et la donnée publiée, ce que permettra la création de nouveaux types de liens tant entre les parties prenantes qu’entre les données elles-mêmes.

Conférence de clôture : Des mutations tranquilles : vraiment ?

Fabien Deglise, journaliste, chroniqueur et blogueur, Le Devoir

Le présent n’est pas avare de paradoxes et quelques-uns sont un peu plus troublants que d’autres. La preuve : l’ère technologique dans laquelle nous sommes plongés n’a jamais autant parlé d’elle-même, produisant en deux jours, par les nombreux outils d’expression à sa disposition, autant d’information que celle générée par l’humanité depuis le début de la civilisation. Étrangement toutefois, cette époque frénétique pourrait bien être celle qui va laisser le plus grand silence, le plus grand vide aux générations suivantes. Que va-t-il rester de nos pratiques sociales en mutation ? Que disent sur nous ces fascinations collectives pour les vidéos de chats, pour les égoportraits (selfies), pour le partage de liens, de photos magnifiées par des filtres et de vidéos et que vont-elles finir par raconter sur ces années « ego et techno » dans les décennies et siècles à venir ? Le culte de l’instant peut-il être persistant dans le temps ?

La présentation de ce colloque a été rendue possible grâce à l’appui financier de :
L’Association des archivistes du Québec,
Le Département d’histoire de l’Université du Québec à Montréal et de,
L’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information de l’Université de Montréal